REFLETS DE NOTRE ACTION
Témoignages

Des objectifs de notre association à la réalité, quel est l’impact réel sur ceux que nous accueillons ? Voici quelques témoignages de jeunes accueillis en Suisse ces dernières années. Ils font référence au programme du YMCA de Jérusalem qui est un programme de six à huit mois de rencontre de l’autre précédant le voyage en Suisse, et qui continue après leur retour.
D’autres témoignages encore, ceux des participants aux voyages Breaking the Ice, ascension du mont Blanc et tour du Mont-Blanc.
Tous les groupes que nous accueillons travaillent en Israël préalablement au voyage, et continuent de le faire avec une nouvelle énergie à leur retour.

 

SEJOURS YMCA, 2006-2009

Amira, Palestinienne, Moliana 2008, Coconut peer-leader 2009
Après avoir rejoint le programme YMCA, j’ai commencé à voir les choses différemment ; non pas que mes opinions aient changé ni que j’aie changé, non, c’est la façon dont je vois les choses… On peut dire que je vois les choses avec une perspective plus large. Beaucoup croyaient qu’en entrant dans ces programmes je perdrais mon identité. Je pense que c’est exactement l’inverse qui s’est produit !

Je suis devenue plus fière d’être Palestinienne malgré toutes les difficultés que je rencontre en vivant à Jérusalem et que juste en changeant ma nationalité tant d’autres alternatives deviendraient accessibles. Je suis devenue plus patriotique et ne suis plus effrayée de montrer ici que je suis palestinienne. Alors qu’avant le programme j’étais effrayée de laisser voir qui j’étais en portant même simplement le keffieh. Maintenant je le porte fièrement n’importe où et montre à tout le monde qui je suis… Même ma famille et mes amis ont remarqué ces grands changements. Il me semblait que quand j’étais dans les réunions, je parlais au nom de chaque Palestinien ici et dans les camps de réfugiés, et que mon devoir était de représenter mon peuple et de tenter de faire entendre sa voix à un moment où personne ne se préoccupe de lui.

Alors oui, vous pouvez dire que je suis reconnaissante au programme qui m’a permis de rester fidèle à mon identité et de la fortifier. Aller en Suisse nous a donné la chance de voir comment des gens normaux – loin du conflit - vivent et aussi nous a permis d’être loin de notre région en conflit. Et bien sûr voyager ensemble nous a permis de faire cette expérience unique de vivre, manger, être continuellement ensemble et renforcer notre amitié.

Eman, Palestinienne, Coconut 2009
J’ai toujours été curieuse du monde, de la façon dont les choses sont et comment elles sont supposées être. Je pense que l’entreprise de comprendre, aimer et expérimenter est l’une des plus grandes entreprises (que l’on puisse faire dans une vie). J’ai rejoint le groupe Coconuts il y a un an, alors une jeune fille de 16 ans avec l’ambition de changer les stéréotypes et de pouvoir exprimer mes opinions librement.

Quand la date du départ pour la Suisse s’est rapprochée, nous étions très excitées même si nous ne savions pas comment nous présenter ni si le groupe était suffisamment uni pour voyager à l’étranger ensemble.

Les familles d’accueil ont été fantastiques, elles étaient si généreuses et tout fut merveilleux : le temps, les leçons de danse que nous avons eues avec Rina, et chaque session que nous avons préparée avec Linda et Mouna. Nous avons eu des moments difficiles pendant les dialogues, quand nous parlions politique. Mais le temps passé en Suisse représente beaucoup pour moi, il m’a aidée à mieux me connaître, et m’a encouragée à vivre la vie à fond parce que chaque minute perdue est une minute qui ne reviendra pas. Quand j’y repense, je comprends qu’être une Coconut est un cheminement en soi.

Shahed, Palestinienne, Shobkarli 2008
Le groupe Shobkarli a terminé ses rencontres au début du mois de janvier 2009 mais je suis encore dans des programmes de coexistence au YMCA de Jérusalem pour ceux qui ont fait des programmes avant…

Avoir participé à ce type de programme a eu un effet bénéfique : avant je n’envisageais les choses que de la façon dont mon côté voyait le conflit et je pensais que cette vision des choses était la bonne mais après avoir participé au programme du YMCA j’ai compris que l’autre coté avait une autre façon de l’envisager. J’ai essayé de me mettre à leur place et de comprendre les choses de leur point de vue.

Ce programme m’a permis d’entendre le point de vue de l’autre coté avant de les juger et m’a permis de comprendre que le monde est constitué de différentes cultures et gens et donc qu’il y a différentes façons d’envisager les choses. Mes parents me disent toujours que ma personnalité a changé depuis que j’ai rejoint le YMCA et que je suis devenue plus fière d’être palestinienne et que j’ai aussi appris à parler avec l’autre et même appris comment me défendre.

Veronica, Palestinienne, été 2007
C’est il y a 3 ans que je suis venue en Suisse pour le programme d’été, et l’expérience avec les familles et les gens là-bas a été extraordinaire. Je n’ai jamais rencontré de ma vie des gens si hospitaliers à l’égard des gens qui pourraient être si différents d’eux-mêmes. Les familles ont manifesté un réel amour et une réelle compréhension des jeunes et de la situation dans laquelle Palestiniens et Israéliens se trouvent. Le fait que ce programme existe encore est vraiment inspirant, parce que cela ne prend pas seulement beaucoup de temps et d’énergie, mais aussi nécessite beaucoup d’argent pour organiser et coordonner l’accueil de ces jeunes.

Une chose que j’ai rapportée de Suisse est certainement un sentiment d’accomplissement. L’expérience a été pour moi une expérience de respect et de compréhension réciproque dans un lieu loin de tous les défis et les conflits auxquels nous faisons face quotidiennement. Je ne dirais pas que cela fut facile, ni que ce fut une réussite complète, parce que dans mon groupe nous avons eu un problème de respect et de compréhension même après notre retour de Suisse et nous avons espéré que le groupe continuerait pour résoudre certains des problèmes rencontrés lors les dix jours de voyage. Mais j’ai appris que l’on ne peut pas simplement éviter la vérité, qu’il faut l’affronter, même si votre partenaire refuse de le faire. C’est l’humain en vous qui doit être consolé et doit trouver son chemin dans un monde qui risque d’être submergé par l’obscurité.

Coexistences m’a appris ce qui est devenu le centre de ma vie, il m’a appris à être neutre mais en alerte, à être fort mais avoir de la compassion. Il m’a appris à ne pas rechercher quelque chose en particulier mais à chérir l’expérience vécue afin d’en être le premier bénéficiaire.

Pour finir, je dois remercier tous ceux qui ont pris part, continuent ou prendront part à Coexistences, parce que c’est le seul moyen d’ouvrir les yeux et de montrer de nouvelles manières de se comprendre et de comprendre les autres d’une façon profonde et objective.

Mi’hali, Israélienne, été 2006
Je suis arrivée dans ce programme de YMVP quand j’étais en 9e, et je ne savais pas vraiment ce que c’était, ce que j’attendais de ce groupe, je savais qu’il était question de leadership, de rencontre avec des arabes et d’un éventuel voyage à l’étranger.

C’était la première fois que je rencontrais des arabes pour une vraie rencontre. Bien qu’aujourd’hui près de la moitié des habitants de mon pays (y compris les territoires occupés) soient des arabes, ce n’est pas un hasard si je ne les ai pas rencontrés. Les populations sont séparées, les écoles séparées, les institutions culturelles séparées, les boîtes de nuit séparées. La connaissance de l’autre se fait surtout à travers les médias, qui naturellement diffusent des informations difficiles (attentats, provocations, terrorisme…)

La rencontre de filles arabes de mon âge et la discussion avec elles furent porteuses de sens et même révolutionnaire pour ma vision des choses. Il me fallait rencontrer les conflits politiques, les deuils, les souffrances, l’humanité, l’amour et le désarroi.

Aucune des activités que j’ai en Israël n’est anodine et non politique: les poèmes que je cite, la chaîne sur laquelle je regarde la télévision, mais aussi les décisions plus importantes et complexes de ma vie, à cause de la situation dans laquelle je me trouve : participation à une rencontre juifs arabes, enrôlement dans l’armée, vote à la Knesset, etc.

La rencontre de deux narratifs est très chargée en Israël. Mettre un visage sur l’ennemi, écouter vraiment l’autre côté, c’est un défi et c’est difficile dans ma réalité. L’endroit qui m’a permis de réaliser cette rencontre a été l’YMCA, et cette rencontre n’aurait pas été complète sans le voyage à l’étranger, et ceci pour plusieurs raisons.

Dans mon pays, il n’y a pas de parcelle de terre neutre. Je ne peux pas me promener sur un terrain sur lequel il n’y ait pas de désaccord, qui ne soit pas plongé dans la politique et directement mêlé à la vie des habitants, et à leurs émotions. Même ma rencontre avec la jeune fille arabe de mon âge au YMCA de Jérusalem ne pouvait être neutre. On peut tâcher de se libérer autant que possible de nos préjugés dans ce lieu opaque du monde dont on parle, on ne pourra pas être « immunisées ».

Chacune de nous a vu hier les nouvelles sur une chaîne différente, (ce ne sont pas les mêmes nouvelles qui sont diffusées). L’une d’entre nous a peut-être subi aujourd’hui du racisme ou ressenti de la peur à cause de l’autre peuple.

Certaines rencontres, pendant cette période, ont eu lieu dans des périodes d’attentats au centre-ville. Certaines participantes ont quitté le groupe à cause de la guerre du Liban qui a eu lieu ce même été. Nous avons essayé de faire tomber les barrières, et de nous débarrasser de nos préjugés autant que nous le pouvions : mais le lieu est chargé, la terre est chargée. Nous étions des jeunes filles, des copines, des élèves - mais le combat pour se libérer de l’enfermement de la pensée est un combat sans fin, il y a toujours l’oppresseur et l’opprimé, le faible et celui qui l’affaiblit, le blessé et celui qui blesse. Notre accent a sa connotation, les symboles sur notre cartable d’école ont la leur, l’opinion de l’élève qui étudie dans notre école a la sienne, et ainsi de suite…

Le voyage à l’étranger nous a libérées du poids de ces attitudes qui nous sont dictées par le territoire. La présence dans un autre pays et plus particulièrement dans un pays neutre comme la Suisse, permet d’une certaine façon d’ouvrir une page neuve dans les relations.

Bien sûr, les différences ne s’effacent pas en montant dans l’avion, mais la signification du peuple auquel tu appartiens change. Pour les Suisses, nous sommes un seul groupe et cela influence la manière dont nous nous percevons. Tout à coup, nous nous servons de « maison » l’une à l’autre, et ce sont nos hôtes, les étrangers ; nous apprenons ainsi à apprécier nos ressemblances, et cela fut un tournant dans nos relations.

Outre la valeur en soi de sortir de sa bulle, de relativiser les choses et l’avantage de devenir un groupe face à un troisième peuple, le voyage, la distance de la maison, la nécessité de faire face ensemble à l’inconnu, et l’intensité du périple ont fortement influencé le dialogue, la rencontre, et, semble-t-il, se sont gravés à jamais dans ma mémoire.

Ma mère et ma petite sœur ont choisi de faire la même route après moi. Je ne sais pas jusqu’à quel point l’expérience de la rencontre serait restée aussi forte si elle s’était limitée à une série de rencontres dans ma ville. La sortie du train-train quotidien, l’engagement profond envers le dialogue, l’apprentissage commun, tout ceci a un poids important dans la formation de la mémoire et dans la qualité de la rencontre.

 

Séjour BREAKING THE ICE, 2010

Un participant
Le programme Breaking the Ice a eu un impact positif sur ma vie à de multiples niveaux.

Premièrement, la formidable aventure et le défi des montagnes, ainsi que la joie d’avoir été sélectionné pour un tel projet, ont été une leçon de confiance en soi et de réalisation de buts personnels.

Deuxièmement, beaucoup de nouveaux amis et de personnes très intéressantes sont devenues une part intégrante de ma vie au jour le jour. A commencer par mes propres partenaires (Juifs et Arabes) ainsi que plusieurs amitiés par ricochet. C’est une autre leçon, celle-ci sur les relations humaines, l’amitié et l’engagement.

Le troisième changement est d’un ordre plus global. Aujourd’hui je suis incomparablement plus conscient de problématiques politiques et sociales. J’ai le sentiment que ma capacité de jugement a évolué vers un point de vue plus équilibré et moins biaisé, maintenant que “je sais ce que l’autre coté pense” et que je passe beaucoup de temps engagé dans ces défis. J’en suis venu à réaliser que ce que nous percevons comme justice, égalité, liberté et démocratie – ne sont pas ce qu’ils paraissaient être.

Dans mon pays aujourd’hui, que vous soyez juif ou non, la majorité de la population se voit refuser beaucoup de droits publics généraux et sociaux. De la corruption à tous les niveaux et de toute sorte est révélée au quotidien. Le public réalise qu’il y a toujours quelqu’un avec un intérêt personnel qui tire les ficelles en vue de profits à court terme au détriment des intérêts à long terme de la société.

Ceci veut dire que le gouvernement et tout ce qu’il représente sont maintenant mis en doute, tout comme par ricochet la loyauté du public envers l’état et ses fondamentaux.

Sur ce sujet, je pense que « l’Etat » a toujours fait en sorte que les « gens » pensent qu’arabes et juifs ne peuvent pas vivre ensemble, que les juifs doivent vivre dans un état juif, que tous les arabes essaient d’éliminer tous les juifs, que l’on doit choisir entre être « avec nous » ou « contre nous ». Cette vision, associée à un extrémisme croissant (provenant largement du côté juif) m’apparaît clairement comme une division forcée entre juifs et arabes qui ne sert que les profits d’un petit groupe et ce à court terme, et que le reste d’entre nous payent, et continueront de payer, le prix élevé de politiciens étroits d’esprits et myopes. Au final, je me sens moins enclin à m’identifier aux aspirations de «l’Etat».

Le dernier changement, et pas des moindres, concerne le conflit. Grâce aux trois processus dont je viens de parler, je comprends mieux maintenant les rôles et les significations de notions telles que le sionisme, les juifs, la politique internationale, le colonialisme et les forces dans l’histoire de ce conflit. C’est pour cela que je pense avoir une vision moins biaisée (à présent). Pour la première fois, je me sens capable de penser à des choses comme par exemple que ceux qui ont été tués en’48 mais qui n’étaient pas juifs ne sont commémorés nulle part. C’est ce que les arabes veulent dire quand ils disent que le drapeau et l’hymne national ne les représentent pas.

Une participante
Cher François,
Comment résumer ce que j’ai vécu en quelques mots ? Ceci n’est pas facile, en tous les cas pas pour moi. Je considère cette expédition plutôt comme un cheminement qui a été composé de trois niveaux de relations : des relations au niveau intrapersonnel (comment me suis-je sentie en tant que personne durant ce cheminement, ce que j’ai ressenti, pensé, et comment je me suis comportée), le niveau interpersonnel (comment je me suis sentie en relation avec tous les autres participants autour de moi) et le niveau intergroupe (comment je me suis sentie en tant que juive israélienne en relation avec les arabes israéliens qui ont participé à l’expédition).

Franchement, le niveau le plus fort a été le niveau intrapersonnel. Je pense avoir vécu une expérience unique, unique dans une vie. Un autre niveau qui a été important pour moi a été le niveau interpersonnel – la relation entre tous les participants, quelle que soit leur origine, juive israélienne ou arabe israélienne. Le dernier changement, et pas des moindres, concerne le conflit.

Grâce aux trois processus dont je viens de parler, je comprends mieux maintenant les rôles et les significations de notions telles que le sionisme, les juifs, la politique internationale, le colonialisme et les forces dans l’histoire de ce conflit. C’est pour cela que je pense avoir une vision moins biaisée (à présent). Pour la première fois, je me sens capable de penser à des choses comme par exemple que ceux qui ont été tués en ’48 mais qui n’étaient pas juifs ne sont commémorés nulle part. C’est ce que les Arabes veulent dire quand ils disent que le drapeau et l’hymne national ne les représentent pas».

En tant que psychologue, cette expédition a été un terrain d’expérimentation en psychologie sociale merveilleux. Toutes les théories abstraites que j’ai étudiées ont soudain pris corps et sont devenues une matière vivante. Le troisième niveau – le niveau intergroupe – a été pour moi le plus superficiel (et je pense que c’est bien ainsi). J’ai passé des moments merveilleux avec certains des participants et j’ai eu des disputes avec d’autres, mais aucune ne fut conditionnée par la religion ou la nationalité. J’ai de bons souvenirs des juifs israéliens et des arabes israéliens et de ce que j’ai vécu avec eux. A la réflexion, je ne pense pas à mes amis (de cette expédition) en tant que juifs ou arabes, je pense à eux en tant qu’amis, en tant que personnes, en tant qu’êtres humains.

 

Séjour TALI-JCJCR, juillet 2013

Lors de l’émission « Un voisin proche » diffusée à la radio israélienne le 5 août 2013
Inbal Ze’evi témoigne : «Les trois jours que nous avons passés ensemble au chalet étaient l’occasion d’une rencontre immédiate (direct encounter) entre nous. Les activités communes telles que la cuisine ou les promenades ont permis d’établir de nombreuses discussions personnelles par lesquelles nous avons appris à mieux nous connaître et à construire la confiance. Cette confiance dans le respect mutuel et l’estime de l’autre nous a permis d’aborder des thèmes plus conflictuels, tels que l’identité ou les valeurs de chacun. Je pense que ce voyage était une occasion unique dans ma vie ! (…) La semaine prochaine, j’irai pour la première fois visiter mes amies arabes à Nazareth et à Shefar’am».

Hanan Atallah, lors de la même émission à propos du programme : « … Le voyage m’a aidé à croire dans ce programme. Par ailleurs pour les élèves, il se passe la même chose que pour nous. Si au début de l’année scolaire ils disaient « voilà, les juifs arrivent » à la fin de l’année, ils disaient «voilà, Moshé arrive…».

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